Mélenchon réussira-t-il à se qualifier pour le second tour ?
Plus de 100.000 personnes ont participé dimanche dernier à un rassemblement électoral place de la République à Paris afin d'écouter le discours de Jean-Luc Mélenchon, qui a pour but d'atteindre le second tour de la présidentielle et de destituer la présidente du "rassemblement nationaliste" Marine Le Pen, qui devrait concurrencer Emmanuel Macron lors de cette étape, selon la majorité des sondages.
Ce qui augmente l'espoir de Mélenchon, c'est l'énorme mobilisation populaire dont sa campagne a été témoin ces derniers jours, la forte participation des sympathisants du parti aux rassemblements électoraux, ainsi que le recrutement d'autres Français qui n'appartiennent pas forcément au parti.
Cela intervient à un moment où les sondages indiquent une légère et continue progression du pourcentage de voix que Mélenchon pourrait obtenir au premier tour, qui oscille entre 13 et 14 %, pour prendre la troisième place derrière le président Emmanuel Macron (30 %) et Marine. Le Pen (17-18%).
Au vu de ces chiffres et de la fortune grandissante de Jean-Luc Mélenchon, l'idée a commencé à émerger dans le camp de gauche qu'un vote pour Mélenchon pourrait être un « bon » vote. Ce qui a accru cette conviction, c'est que d'autres candidats de gauche occupaient la ligne du bas au premier tour, selon les sondages. A l'instar du chef des Verts Yannick Jadot, qui risque de n'obtenir que 5 ou 6 % des suffrages, et du communiste Fabien Roussel, qui ne devrait pas dépasser 4 ou 5 % des suffrages, sans oublier la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo, dont certains sondages d'opinion s'attendent à ce qu’elle ne franchisse pas le seuil des 2 % des voix.
Dans ce contexte, le but du rassemblement « Place de la République » à Paris était de persuader ceux qui hésitaient à voter de participer aux élections présidentielles. "Chacun est seul responsable du résultat de l'élection. Chacun a la clé du second tour. Ne vous cachez pas derrière les désaccords des chefs de parti et des classements. N'esquivez pas. Cette élection est un référendum", a déclaré Mélenchon, qui a souligné lors de son discours que voter pour la gauche était une "responsabilité morale".
Il semblait que le discours de Mélenchon n’était pas tombé dans l'oreille d'un sourd pour certains Français. Comme Christine, 52 ans, qui a participé aux manifestations des gilets jaunes. Bien qu'elle ne soit pas fidèle à Mélenchon et à ses idées, elle voit d'un bon œil l'idée de la VIe République, que Mélenchon veut lancer s'il devient président de la France.
"Je voterai Mélenchon pour nous faire sortir de la Ve République", a déclaré Christine. "La société perd son humanité et la politique recule. Il faut changer le système politique français. Je ne fais pas confiance aux politiques, mais cette fois est notre dernière chance."
En revanche, certains militants de gauche n'ont pas encore tranché, et ils éprouvent encore une sorte d'hésitation l’égard de Mélenchon à cause de certaines déclarations qu'il a faites dans le passé. Comme celle de 2018, où il disait « je suis la République », ou à cause de certaines de ses prises de position pro-russes, ou celles dans lesquelles il appelle la France à sortir de l'OTAN. Le politologue Gerard Granberg estime que ces attitudes pourraient constituer un obstacle à l'arrivée de nouveaux électeurs.
"Pour la première fois au moins, la question de la politique étrangère française est devenue importante dans la campagne électorale, mais il sera difficile pour Jean-Luc Mélenchon de convaincre un large groupe de gauchistes qui s'accrochent à l'idée que la France reste". dans l'OTAN", a-t-il déclaré.
Mélenchon fait également face à de vives critiques de la part de ses rivaux de gauche, comme le représentant du Parti vert Yannick Jadot et la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo. Tous deux reprochent à Mélenchon sa prise de position sur la guerre en Ukraine. Alors qu'il devenait clair que plus les chances du chef du parti "La France Fière" étaient élevées et meilleures d'atteindre le second tour de la présidentielle, plus l'intensité des critiques à son encontre était vive. Par exemple, Anne Hidalgo décrit Mélenchon comme « le complice des dictateurs ».
Les candidats de la gauche modérée attaquent férocement Mélenchon, même si le résultat de ces attaques est la qualification de Macron et Le Pen au second tour des élections aux dépens de Mélenchon.
La clé pour atteindre le second tour réside-t-elle dans la persuasion des abstentionnistes d'aller aux urnes ? Pour la militante Hélène (32 ans), qui a participé au rassemblement électoral place de la République à Paris, "le pourcentage de boycotts du vote ne cesse d'augmenter. Car il y a une sorte de désillusion vis-à-vis de la politique". Mais elle a ajouté que "Jean-Luc Mélenchon a le droit de proposer une assemblée constituante et d'abolir les pactes politiques car il faudrait donner plus de pouvoirs au peuple".
Ce qui intrigue Hélène, c'est la proposition de Mélenchon de passer à la VIe République. D'autres Français peuvent le soutenir pour diverses raisons, comme augmenter le Smic ou fixer l'âge de la retraite à 60 ans, réduire le prix du carburant à un euro seulement, en plus de verser une bourse étudiante de 1063 euros, etc.
Ce sont en tout cas les idées que les militants de "France Fière" promeuvent dans la rue. Ils mettent également en garde les Français contre le vote de Macron, qui veut imposer l'âge de la retraite à 65 ans.
Mais Gérard Granberg estime que "quelle que soit la position des abstentionnistes, le principal problème auquel Mélenchon devra faire face est que la majorité des Français estiment que les chances d'Emmanuel Macron de remporter un second mandat présidentiel sont très élevées".
Bien que conscient de ce fait, Mélenchon ne cède pas au fait accompli. Au contraire, il souligne l'importance qu'il atteigne le second tour, considérant que le débat qui aura lieu entre lui et Macron entre les deux tours ne se limitera pas à la question de l'immigration ou de la sécurité, comme c'est souvent le cas avec Marine Le Pen. , mais inclura d'autres sujets d'intérêt pour les Français, comme le chômage, l'âge de la retraite, la protection sociale et le problème du logement. Des sujets qui pourraient être absents si le conflit se limite au second tour entre Macron et d'autres candidats modérés ou d'extrême droite. Le président « France Fière », Mélenchon, réussira-t-il à changer l'équation en sa faveur ?
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