Présidentielles 2022 : Des musulmans quittent le pays après que la question de l'immigration ait dominé les campagnes électorales.

 

Mosquée de paris

Dans le cadre des élections présidentielles 2022, le "The New York Times" a publié une enquête sur les raisons pour lesquelles certains Français musulmans ont successivement quitté le pays pour vivre dans des pays étrangers, comme les Etats-Unis d'Amérique, le Canada et la Bretagne.

Le quotidien américain a intitulé son article "Le départ secret des musulmans de France", donnant la parole à de nombreux musulmans français pour expliquer les raisons de leur départ de ce pays alors qu'ils y sont nés et y ont grandi.

"Ce sont les attentats de 2015 qui m'ont fait quitter la France. J'ai compris qu'ils (les Français) ne nous pardonneraient pas cet incident", confie Sabri Louatah, 38 ans, romancier amoureux de la langue française.

Bien qu'il soit né en France et ait des relations familiales proches à Saint-Etienne, dans le sud de la France, il a décidé de s'installer à Philadelphie, en Pennsylvanie, aux États-Unis d'Amérique, avec sa femme, car « je ne me sens pas en sécurité en France" a-t-il affirmé, en plus d'avoir été exposé au "racisme" et avoir été traité de "sale arabe" me donnait l'impression d'être dans un chaudron." A-t-il ajoué.

A l'approche des élections présidentielles prévues les 10 et 24 avril, certains candidats d'extrême droite comme Eric Zemmour et Marine Le Pen se penchent sur la question de l'immigration et des immigrés et mettent en garde contre l'incarnation de la théorie du « Grand Remplacement " sur le terrain.

Mais selon Olivier Estevez, professeur à l'Institut d'études et de recherches administratives et politiques de l'université de « Lille », « les politiciens français ne parlent pas beaucoup de la migration inverse, qui est le départ de centaines de musulmans français vers la Grande-Bretagne ou le Canada, par exemple, pour y vivre et y travailler et contribuer à la croissance économique de ces pays.

Le New York Times ajoute que certains candidats à la présidence font des déclarations désobligeantes à l'encontre des musulmans français, comme Eric Zemmour, qui a déclaré, selon le journal, que "les employeurs français ont le droit de refuser d'embaucher des Arabes et des Noirs".

De son côté, Ammar Makrousse, 46 ans, un Français musulman qui vivait en banlieue parisienne avant de partir avec sa femme française dans la ville britannique de Leicester, a confirmé : "Je ne suis pas traité comme un Français sauf quand je suis à l'étranger". Et a ajouté : "Je parle français, j'ai épousé une française, et j'aime la cuisine française et la culture française, mais malgré tout cela, dans mon pays, je ne suis pas français."

Presque la même histoire a été racontée par Elias Saafi, 37 ans, un responsable du département marketing d'une société financière américaine qui a un bureau en Grande-Bretagne. Il a déclaré au New York Times : "Ce qui a attiré mon intérêt ici en Grande-Bretagne, c'est que lors d'un dîner d'affaires, de nombreux types de nourriture ont été servis, y compris des aliments végétariens et halal (selon les enseignements de la religion islamique) en plus du mélange et multiculturalisme. » Tandis que Mathilde, l'épouse d'Elias Saafi, ajoutait : "En Grande-Bretagne, je n'ai pas peur d'élever un enfant arabe."

Une étude publiée par le gouvernement français en novembre 2021 indiquait que les Français d'origine musulmane ont moins de chances d'être contactés par un employeur pour un entretien en vue de les embaucher.

C'est ce qui a conduit Mariam Gharibou, 31 ans, à quitter la France pour six ans, direction la Suisse puis le Sénégal pour y travailler. Mais lorsqu'elle a décidé de rentrer en France, où vit sa famille, elle n'a pas pu trouver de travail. "Se sentir étranger dans mon pays me pose un vrai problème. Ils devraient nous laisser vivre selon nos croyances religieuses et notre conscience."

Quant à Rama Yade, ancienne ministre sous le président Nicolas Sarkozy, elle a déclaré au New York Times que "l'accent excessif mis sur l'immigration par les candidats pendant la campagne électorale est le résultat de vingt ans de discours sur l'identité nationale".

Le quotidien américain terminait son article en affirmant que la question de l'immigration s'était imposée dans la campagne électorale, malgré le fait que le nombre d'immigrés vivant en France soit bien inférieur par rapport aux autres pays occidentaux.

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