La France s'oriente vers une présence militaire discrète au Sahel.

Forces Françaises au Sahel durant l'opération Barkhane

 

Après avoir été chassés du Mali où ils ont passé neuf ans à combattre les djihadistes, l'armée française veut continuer à coopérer avec le Niger et d'autres pays du Sahel et d'Afrique de l'Ouest, mais avec une plus grande discrétion pour assurer son acceptation, et dans un cadre où ses lignes demeurent floues.

L'ancienne puissance coloniale, qui était jusqu'à récemment le principal partenaire de Bamako, est devenue insignifiante et s'apprête à quitter le pays dans quelques semaines. La junte militaire au pouvoir depuis 2020, a chassé l'armée française et utilisé les Russes par le biais du groupe paramilitaire Wagner.

Le bilan de la présence française est mitigé. La force Barkhane qui a suivi l'opération Serval en 2013 a remporté de grands succès tactiques en éliminant un grand nombre de chefs djihadistes et en réduisant les marges de mouvement des groupes armés, mais l'État malien n'a pas transformé ces résultats en solutions politiques. Le résultat a été que la violence a continué de s'intensifier et que les sentiments anti-français ont augmenté.

La France entend désormais tirer les leçons de ce processus pour éviter de répéter les échecs passés. "Nous avons contribué au renforcement des effectifs de l'armée malienne (...) mais nous nous sommes aussi déplacés à sa place", a déclaré à l'AFP l'actuel commandant de la force Barkhane, le général Laurent Michon.

Le général Bruno Baratz remplacera le général Michon en août.

Le commandant adjoint des opérations à Barkhane, résume : « Nous changeons de formule avec un partenariat plus discret. Aujourd'hui, le déploiement d'une grande armée n'est plus dans l'air du temps.

Désormais, l'armée française offrira son soutien sans être en première ligne. C'est une façon de réduire la visibilité de ses mouvements, source de mécontentement des communautés africaines, tout en maintenant sa présence dans cette zone d'influence historique.

Après s'être désengagée du Mali, la France aura réduit de moitié sa présence au Sahel en ne gardant qu'environ 2 500 soldats dans la région.

Au Niger, nouveau partenaire principal, les Français maintiendront plus de 1 000 hommes et un centre chirurgical situé à Gao - une capacité aérienne de trois chasseurs, six drones et entre quatre et six hélicoptères pour fournir un appui feu et renseignement à leurs partenaires.

Un centre de commandement spécial de Niamey gérera le "partenariat de combat" entre les forces armées du Niger et environ 250 soldats français qui ont été déployés ensemble il y a un an près de la frontière avec le Mali, où Niamey a établi une série d'avant-postes militaires.

"Nous reflétons aujourd'hui pleinement la relation partenariale : le partenaire est celui qui décide de ce qu'il veut faire, de quelles capacités il a besoin et qui le conduit dans les opérations qui sont menées avec notre appui", a déclaré le général Hervé Pierre, chef du commandement du partenariat.

Il a ajouté : "C'est le meilleur moyen de continuer à travailler efficacement de leur côté sans alimenter le délire de certains sur les réseaux sociaux."

En revanche, l'Etat-Major parle peu des autres domaines de coopération demandés (partenariat de combat, formation, conseil et appui) apportés aux pays de la région, notamment les pays du Golfe de Guinée (Bénin, Togo et les autres…).

Le commandant de l’opération Barkhane a déclaré : "Des consultations ont lieu entre les capitales africaines, Paris et les capitales européennes".

Entre la volonté de secret pour éviter d'incommoder d'éventuels partenaires et l'absence de directives claires de l'exécutif français sur la poursuite des opérations, un officier déclare : « Nous attendons les ordres des politiques. Entre la présidentielle et les législatives, c'est compliqué.

Le quartier général du commandement français de l'opération qui succédera pour l'instant à Barkhane restera à N'Djamena au Tchad, avec lequel la France a un accord de défense. Mais beaucoup d'entre eux seront réduits.

Quant au Burkina Faso, où 34 civils ont été tués ce week-end, il "veut obtenir notre aide mais hésite encore à intensifier notre présence terrestre en dehors de la zone de l'opération Sabre", une unité des forces spéciales françaises stationnée à Ouagadougou, selon un officier supérieur.

En plus de contribuer à contenir la violence djihadiste qui menace de déborder dans le golfe de Guinée, le pari de Paris est de maintenir une présence militaire française en évitant une aliénation stratégique à l'heure d'une concurrence accrue sur la scène internationale.

En Afrique de l'Ouest, les Russes poursuivent une stratégie d'influence offensive à travers des campagnes massives de désinformation anti-française.

Le renseignement militaire de Barkhane prévient que "les attaques menées par Wagner sur les réseaux sociaux dépassent le Mali et se propagent en Afrique".

"Nous avons redécouvert ce danger, mais il vient des répercussions de la guerre", a-t-elle ajouté.

Mais Elie Tenenbaum, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), voit la France comme "un acteur diplomatique et militaire incontournable dans la région, qui en Afrique de l'Ouest, comme partout ailleurs dans le monde, a prouvé son statut de puissance". avec une influence mondiale moyenne."

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