Bilan de Macron : Les promesses faites en 2017, ont-elles été tenus ?
Emmanuel Macron s'est engagé, lors de sa candidature aux élections présidentielles de 2017, à lutter contre le réchauffement climatique, et il a brandi un slogan qui, était pour lui la priorité des priorités, qui est le slogan "l'égalité entre les hommes et les femmes".
Cela faisait partie d'un ensemble de promesses faites par le jeune candidat et qui devaient être tenues durant son quinquennat. Cependant, la réalité s’révélait beaucoup plus compliqué que ça.
En 2017, le candidat Emmanuel Macron a bénéficié de la campagne de son rival de droite François Fillon, qui était à l'époque le candidat privilégié pour remporter la présidence, qui a subi une vague de critiques intenses sur fond d'accusations immorales qui se sont rapidement transformées en des charges judiciaires qui ont mis fin à l'ambition du Premier ministre entre 2007 et 2012, c'est-à-dire pendant le mandat de Nicolas Sarkozy.
Les accusations étaient liées à une affaire d’emplois fictifs que François Fillon était soupçonnait d'avoir donnés à sa femme et à deux de ses enfants. Le candidat des Républicains a également été accusé de détournement de fonds publics et de non-respect des règles de transparence politique, tandis que sa femme a fait face à des accusations de complicité de détournement de fonds.
Macron s'est présenté sous les traits d'un "homme propre" face à une "vieille classe politique", et a reçu le soutien de l’ancien ministre, François Bayrou, chef du parti centriste "Modem", qui a stipulé la " purification" du monde politique français des "pratiques des anciens" en échange de son soutien au jeune candidat. Macron a juré que, s'il était élu, il adopterait une loi « majeure » pour réformer l'éthique de la vie politique en France.
Après que Macron ait remporté la présidence, il a nommé Bayrou au poste de ministre de la Justice et l'a chargé de rédiger un projet de loi qui irait dans le sens de la promesse qu'il avait faite pendant la campagne électorale. Le texte comportait plusieurs articles, notamment l'interdiction aux représentants d'employer des membres de leur famille, la réduction du nombre de mandats consécutifs offerts aux parlementaires, ainsi que le contrôle de leurs dépenses professionnelles.
Mais au cours des cinq dernières années, la vie politique française ne s'est pas transformée en un carré moralement propre, contrairement à la promesse de Macron, même si François Bayrou lui-même a été contraint de quitter son poste un mois après sa nomination dans le nouveau gouvernement en raison de soupçons de faux emplois qui affectait son parti. Aussi, Richard Ferrand, un proche du président, a renoncé à son poste de ministre de l'Unité territoriale après avoir été sous une enquête judiciaire sur des soupçons d'abus d'influence en 2011 dans une affaire immobilière alors qu'il était directeur d'une compagnie d'assurances.
Cependant, en juin 2018, un problème éthique qui a directement affecté la présidence a éclaté lorsqu'Alexandre Benalla, le garde du corps de Macron et son collaborateur de sécurité à l'Elysée, a été accusé d'avoir battu des manifestants à Paris. Macron s'en est pris à la presse et à la justice pendant des semaines, oubliant sa promesse de respecter l'éthique de la pratique politique.
L'affaire s'est terminée par la destitution de Benalla de son poste, tandis que Ferrand est devenu président de l'Assemblée nationale, sachant que la justice a prononcé l'acquittement dans l'affaire immobilière. Quant à François Bayrou, il a été nommé gouverneur en septembre 2020, et avant cela, Gérald Darmanin a été nommé ministre de l'Intérieur en juillet de la même année, malgré le fait que deux femmes aient porté plainte contre lui pour viol ( plus tard acquitté par la justice).
Les questions éthiques ont continué de peser sur le mandat de Macron, après que le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti eut été accusé de détournement en juillet 2021, tandis que le ministre délégué aux Petites Entreprises, Alain Grizzet, a démissionné après avoir été condamné en décembre dernier à une peine de six mois de prison avec sursis. En raison d'une "fausse déclaration" de ses biens auprès du Comité suprême.
Emmanuel Macron a lancé sa campagne pour gagner la présidentielle avec la conviction que les Français en voulaient à la classe politique en général et aux partis traditionnels, et a ainsi arboré le slogan "faire de la politique autrement", qui lui a permis d'enregistrer le soutien et l'adhésion de de nombreux militants pour son parti. Il leur a proposé de participer à la prise de décision et de lier le dialogue avec l'opposition.
Mais cela n'a pas empêché le président d'adopter l'option de la décision individuelle au pouvoir, ça s’est vu plus clairement lors de la crise du Covid-19.
Parfois, Macron a eu recours à des pratiques autoritaires pour faire passer des lois (comme la loi de réforme des retraites) ou pour dissuader des mouvements populaires de protestation (comme le mouvement des "gilets jaunes"). À d'autres moments, il a eu recours à une approche "oublieuse", notamment en ce qui concerne le projet de loi de réforme constitutionnelle qu'il avait promis pendant la campagne présidentielle, ainsi que la suppression (prometteuse) de la Cour de justice républicaine et l'instauration du principe du scrutin proportionnel dans les élections législatives.
En revanche, Macron a tenu sa promesse de réformer le Conseil économique, social et environnemental, qui s'est transformé en un espace de participation citoyenne à la vie politique.
Dans le domaine de l'environnement, le président Macron a commencé son mandat par un appel international à lutter contre le réchauffement climatique, profitant de la sortie des États-Unis de « l'accord de Paris » sur le climat en juin 2017. par la décision de Donald Trump. Macron avait promis d'investir 15 milliards d'euros dans ce qu'il a appelé une "transition écologique", et l’a confié à l'animateur télé écologiste Nicolas Hulot.
Mais ce dernier a présenté sa démission du gouvernement en août 2018, dénonçant l'influence des "lobbies dans le cercle du pouvoir", après que le président ait retiré l'interdiction de l'herbicide parasite "glyphosate" et accepté l'accord d'association entre le Canada et l'Union européenne. .
En revanche, il a pu marquer des points positifs plus tard, par exemple lorsqu'il a abandonné le projet de construction de l'aéroport Notre Dame D’éland près de la ville de Nantes en janvier 2019 ou le projet minier en Guyane en mai 2019.
On lui attribue également la formation d'un comité citoyen sur le climat à l'automne 2019, dans le but de présenter des propositions sur la réduction des gaz à effet de serre recherchée par la France. Les membres du comité formé de 150 citoyens ont présenté un document de 146 mesures, dont la plupart ont été ignorées par Macron. Par exemple, la commission a proposé d'annuler les vols intérieurs qui pourraient être remplacés par des trajets en train en moins de quatre heures.
De plus, la France sous le règne de Macron n'a pas atteint son objectif dans le domaine des énergies renouvelables, puisqu'elle est devenue le seul pays européen qui n'a pas honoré ses engagements (de 19 %), en sachant que le minimum fixé est de 23 % du total national d’énergies (pour chaque pays).
Face à l'inaction du gouvernement, la justice française est intervenue pour condamner l'État pour manquement à sa responsabilité dans la lutte contre le réchauffement climatique, puis a demandé au Premier ministre Jean Castex et à ses ministres en charge de l'environnement de « prendre toutes les décisions nécessaires pour corriger les dommages à l'environnement" avant la fin de l'année.
Emmanuel Macron a déclaré que la question de l'égalité entre les femmes et les hommes était le "grand enjeu" de son mandat, mais il en va autrement sur le terrain, puisque le gouvernement l'a ignoré.
Cela ne nous empêche pas de mentionner certaines des réalisations du président, notamment l'extension de la loi sur la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes et les femmes célibataires, l'extension de la durée de l'avortement de 12 semaines à 14 semaines, et également l'extension de la gratuité des pilules contraceptives pour les filles moins de 15 ans en 2020, puis pour les femmes entre 18 et 25 ans en 2022.
Dans le domaine de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, le Meeting d'automne 2019 contre la violence domestique a entériné une ordonnance présidentielle qui permet aux juges d'établir des protections pour les femmes qui ont subi des violences sans attendre qu'elles intentent une action en justice. Un service téléphonique 24 heures sur 24 a été mis la disposition des femmes ayant subi des violences de la part des hommes.
Cependant, les associations de défense des femmes ne sont pas satisfaites des possibilités offertes aux femmes pour les protéger des violences conjugales. Ils demandent un milliard d'euros pour lutter contre le phénomène des femmes assassinées par des hommes et contre les violences en général, ce qui permettra à ces associations de construire 20 000 abris, mais le gouvernement n'alloue qu'un tiers de la somme nécessaire à cette question, selon un rapport publié en mars 2022 par Oxfam. Le budget 2022 de la France consacre 50 millions d'euros à l'égalité entre les femmes et les hommes sur un total de 883 milliards d'euros.
Ce qui augmente la colère des associations féministes en France, c'est que l'inégalité des salaires perdure malgré l'adoption du principe d'égalité femmes-hommes en 2018, et que les hommes perçoivent toujours des salaires supérieurs de plus de 30% aux salaires des femmes, selon un rapport de l'association française Institut de statistiques.
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