La France met en orbite la dernière génération de satellites militaires.
La France a mis en orbite avec succès un satellite de communication militaire, présenté comme un "joyau technologique" et l'un des piliers de la souveraineté du pays.
Une fusée Ariane 5 a été lancée depuis la base de Kourou en Guyane française, emportant le satellite A4 dans le cadre du programme Syracuse. La mission a été accomplie avec succès après 38 minutes et 41 secondes du lancement.
"Le Syracuse A4 est conçu pour résister aux attaques militaires de la Terre et de l'espace ainsi qu'au brouillage", a déclaré le porte-parole de l'armée de l'air et des forces aérospatiales françaises, le colonel Stéphane Spitz. Le satellite est aussi équipé de moyens de surveillance de son environnement proche et a la capacité de se déplacer pour éviter une attaque.
Le danger est réel : en juillet 2020, l'US Space Command a accusé Moscou d'avoir "effectué un test non destructif d'une arme anti-satellite depuis l'espace". En 2017, le "satellite espion" russe Luch-Olymp a tenté d'approcher le satellite militaire franco-italien "Athena-Fidus".
La valeur du programme de Syracuse est d'environ quatre milliards d'euros. Cette quatrième génération de satellites triplera la vitesse de la connexion de troisième génération. La Direction générale de l'armement s'est engagée avec le groupe français "Thales", avec un montant de 354 millions d'euros, et avec Airbus, 117 millions.
Le colonel Spitz a également noté qu'« il existe une loi de type mathématique pour l'augmentation uniforme des volumes de données », citant les besoins générés par les systèmes de commandement, affichant des situations tactiques au sol et des séquences vidéo (prises, par exemple, à partir de drones déployés au Sahel).
De plus, ce satellite est protégé de la poussée électromagnétique qui pourrait résulter d'une explosion nucléaire, a expliqué l’expert en prolifération des armes au Centre politique pour la sécurité à Genève. A terme, la France disposera de 400 stations capables de communiquer avec le nouveau satellite depuis la Terre, un avion, un navire ou un sous-marin, selon la Direction générale de l'armement.
Mais il reste que la dissuasion nucléaire de la France repose fortement sur ses sous-marins, a déclaré l'expert, ajoutant : "Si l'adversaire est capable de modifier, pirater ou endommager les communications avec les sous-marins, ce sera la fin de la dissuasion".
La mise en orbite du satellite, une opération planifiée de longue date, intervient juste à temps alors que Paris pousse son projet de souveraineté européenne en matière de défense. La France, ne peut se passer d'un socle technologique fort
En revanche, Xavier Pasco, spécialiste des questions spatiales et directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a déclaré : « Il faut que ce secteur montre qu'il a les moyens de ses ambitions. "Cela donne de la crédibilité à l'ensemble de ses outils militaires, ainsi qu'à sa capacité industrielle", a-t-il ajouté. "Politiquement, c'est la preuve que la France est peut-être une puissance moyenne, mais le champ de son action reste mondial", a déclaré Pasco.
Après quelques semaines d'"humiliation" envers la France après l'annulation par l'Australie d'un énorme contrat d'acquisition de sous-marins français au profit de sous-marins américains, ce qui a accru la fragilité de la puissance française dans la région indo-pacifique, le nouveau satellite fait la fierté de Paris.
Avec ses investissements annuels de 2 milliards d'euros dans le domaine de l'espace militaire et civil, la France est loin d'être dans le trio de tête : 50 milliards pour les Etats-Unis, 10 milliards pour la Chine et 4 milliards pour la Russie, selon les chiffres 2020 publiés par le gouvernement français. Mais le satellite A4 permet à la France de rester parmi les pays leaders dans le domaine spatial et confirme que Paris est fortement impliqué dans la course aux armements.
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