Projet de loi Immigration : Gérald Darmanin K.-O. debout après le rejet de son texte
Au beau milieu de l’Hémicycle, Gérald Darmanin est K.-O. debout. La motion de rejet déposée par les écologistes vient d’être adoptée ce lundi après-midi par l’Assemblée nationale. A deux petites voix près, le projet de loi immigration est donc – pour le moment – renvoyé au placard.
En signe d’affection, quelques députés et membres du gouvernement viennent
taper dans le dos du ministre de l’Intérieur, toujours sonné. Car si ce vote
est un coup dur pour l’exécutif, il apparaît surtout comme une défaite
personnelle éclatante pour l’intéressé. Le « premier flic de France »
promettait depuis des mois être capable de trouver un chemin pour faire passer
ce texte crucial. Mais en politique, la méthode Coué n’est pas une stratégie
infaillible.
Gérald Darmanin anticipe la défaite
« Qui a peur du débat ? » Gérald Darmanin avait ouvert la
discussion en séance, à 16 heures, en ciblant d’emblée cette motion de rejet
préalable. Jusqu’au bout, le ministre de l’Intérieur a tenté, ou du moins fait
semblant, de convaincre les indécis. « Bien sûr, ce texte mérite d’être
amélioré, et la main du gouvernement est tendue dans l’intérêt général de tous
les Français », a-t-il lancé, listant les sujets sur lesquels l’exécutif
pouvait encore bouger : rétablissement du délit de séjour irrégulier,
débat obligatoire chaque année au Parlement, encadrement
des régularisations… Le ministre allait même jusqu’à promettre une
« réforme » de l’Aide médicale
d’Etat au tout début de 2024 pour déminer un point de crispation avec la
droite.
Mais dans son attitude comme dans son discours, le « locataire de
Beauvau » semblait déjà anticiper la défaite. « Refuser le
débat », soufflait-il, c’est « refuser de débattre des sujets qui
intéressent les Français ». Après sa prise de parole, le ministre n’a
d’ailleurs pas semblé porter beaucoup d’attention aux autres discours,
préférant pianoter sur son téléphone plutôt qu’écouter les critiques contre son
bilan. Quelques minutes avant le vote, Gérald Darmanin a toutefois remis une
dernière salve de pression. « On doit répondre à la demande d’exigence des
Français, on doit être à la hauteur de la fonction. Moi, je n’ai pas peur du
débat, et je le souhaite. Il y a des millions de Français qui nous
regardent », a-t-il lancé, critiquant vertement l’alliance de circonstance
de la Nupes, des LR et du RN. « J’ai bien vu vos clins d’œil au
Rassemblement national, et vos compromissions avec le parti de Marine Le Pen.
Plus jamais aucune leçon de morale politique ! », a-t-il fustigé en
direction de la gauche.
Appels à la démission
Le projet gouvernemental n’est, certes, pas encore définitivement enterré.
Il pourrait revenir à l’Assemblée nationale après un passage par le Sénat ou par une
commission mixte paritaire (qui réunit sénateurs et députés). Mais Gérald
Darmanin sera-t-il là pour le porter ? Après le camouflet, de nombreux
membres de l’opposition ont appelé le ministre à la démission. « Il a
échoué à l’Assemblée
nationale. Ça fait maintenant un an que M. Darmanin porte cette loi, il n’a
qu’à partir avec sa loi sous le bras », a cinglé Mathilde Panot, la cheffe
de file des insoumis. « Le ministre de l’Intérieur est désavoué et doit en
tirer les conclusions », a abondé le patron du PS, Olivier Faure. Il
« pèche par inaction, par omission et par distorsion. Son projet de loi ne
contient aucune mesure d’ampleur pour reprendre le contrôle. Dans une
démocratie fonctionnelle, il démissionnerait », a également fustigé sur X
(ex-Twitter) le président du
RN, Jordan
Bardella.
Face à cette défaite, le camp présidentiel a convoqué une réunion de crise
à l’Assemblée pour décider de la suite. Gérald Darmanin ne
sera pas présent. Le ministre de l’Intérieur était à l’Elysée pour s’entretenir
avec Emmanuel Macron. Il y a proposé sa démission. Une proposition « rejetée »
par le président.
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