Education nationale : le climat scolaire se dégrade année après année aux yeux des enseignants du premier degré

 

Le climat scolaire se dégrade d'année en année, aux yeux des enseignants, dans le premier degré. C'est le constat d'une enquête que publie vendredi 13 octobre l'Autonome de solidarité laïque (ASL), association qui accompagne les personnels d'éducation. Cette étude a été réalisée auprès de 8 000 agents de l'Éducation nationale (enseignants, mais aussi des psychologues, des accompagnants d'élèves en situation de handicap, etc.).

Le sentiment des professeurs dans leur établissement se détériore, "une érosion continue", d'après les auteurs de cette étude. Il y a 58,5% des personnels interrogés qui se disent satisfaits du climat scolaire dans leur école en 2023. Ils étaient 73,5% en 2011, une baisse de 15 points en 12 ans donc. Cette dégradation est en bonne partie liée à la relation avec les parents d'élèves : il y a 12 ans, un enseignant sur six ne se sentait pas respecté par les familles. C'est plus d'un sur quatre aujourd'hui.

"Le sentiment de sécurité dans l'école reste largement dominant", analyse les auteurs de l'étude. En 2011, 7% des répondants disaient ne pas se sentir en sécurité ; c'est le cas de 9,4% d'entre eux en 2023. Selon l'enquête, la violence physique reste très rare et "les principales victimations restent verbales" (38% des personnels ont été insultés dans l'exercice de leur fonction durant l'année scolaire, contre 41% en 2011).

"L'école inclusive" est pointée du doigt

Cette enquête montre également "un sentiment de déclassement social", ainsi qu'une forte rancœur des professeurs envers les ministres successifs de l'Éducation nationale : les trois quarts des sondés (74%) ne se sentent pas respectés, et dénoncent un décalage entre les annonces de réformes et les réalités vécues dans les classes, ainsi qu'un sentiment de mépris.

Enfin, la mise en œuvre de "l'école inclusive" est pointée du doigt par ces professeurs interrogés, qui dénoncent le nombre insuffisant d'aides spécialisées et de formations concernant la prise en charge des élèves en situation de handicap. En 2011, un peu moins de 40% des répondants disaient avoir connu des difficultés fréquentes avec des enfants "gravement perturbés" ; ce chiffre est passé à 73,5% en 2023.

Concernant le décrochage professionnel, cette étude démontre que pour la première fois, une majorité de personnels se dit globalement insatisfaite de son métier (plus de 52%); c'était moins de 40% en 2016. Enfin, sur la question de la formation, "les résultats de l'enquête sont assez préoccupants", analysent ses auteurs : 68,5% des professeurs sondés estiment avoir été "pas du tout" ou "plutôt mal" formés pour exercer leur métier.