Disparition du petit Emile : après deux mois d'enquête, un fait divers qui tourne à l'énigme judiciaire

 

Malgré de très importants moyens déployés depuis début juillet, le sort du jeune garçon demeure mystérieux et plusieurs pistes restent envisagées.

Le Haut-Vernet s'ouvre et se referme. Epicentre de la disparition en juillet d'Emile, petit garçon de 2 ans et demi, ce joli hameau des Alpes-de-Haute-Provence vit, depuis, au rythme des levées et des renouvellements de l'interdiction d'y circuler. Le maire du village en contrebas, le Vernet, en avait brièvement rouvert l'accès fin août. Mais la réapparition des caméras de journalistes a déclenché un nouvel arrêté interdisant la libre circulation, mardi 6 septembre. "Oubliez-nous", enjoint François Balique, qui veille à la "tranquillité de ses administrés". La supplique paraît vaine tant ce fait divers survenu aux prémices de l'été s'est mué en énigme.

Deux mois, jour pour jour, après la volatilisation du petit garçon, l'affaire est déjà entrée dans les annales judiciaires. Car malgré les efforts colossaux déployés pour le retrouver, aucune piste, à ce jour, ne peut être privilégiée.

Le premier jour des vacances vire au drame

Il est aux alentours de 18 heures, samedi 8 juillet, quand la disparition de ce bambin aux cheveux blonds comme les blés est signalée par ses grands-parents à la gendarmerie. Comme chaque année depuis vingt ans, ils ont rejoint leur résidence secondaire dans ce hameau au pied du massif des Trois-Evêchés. Leur fille Marie, aînée d'une fratrie de dix enfants, leur a confié son fils, Emile. Il va pouvoir jouer avec ses oncles et tantes, dont certains sont encore adolescents. Mais alors que le couple se prépare pour une activité et charge la voiture, le petit garçon est introuvable. Le premier jour des vacances scolaires se transforme en cauchemar.

"Quand ils ont voulu prendre Emile pour l'emmener, un quart d'heure après l'avoir réveillé de sa sieste [vers 17 heures], ils ont remarqué qu'il n'était plus là."

Hervé Balique, maire du Vernet à franceinfo

"Dès 18h40", selon le relevé de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, un important dispositif de recherches de l'enfant est mis en œuvre : équipes cynophiles, hélicoptères et drones équipés de caméras thermiques, militaires du peloton de gendarmerie de haute montagne, pompiers et habitants volontaires ratissent les environs jusque tard dans la nuit. Le lendemain, une enquête est ouverte et un appel à témoins lancé. La photo du garçonnet tout sourire, un pissenlit sur l'oreille, est diffusée dans tout le pays. Une ligne téléphonique dédiée est ouverte. 

L'appel à témoins diffusé par la gendarmerie après la disparition du petit Emile le 8 juillet 2023, au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). (GENDARMERIE NATIONALE / TWITTER / AFP)

L'appel à témoins diffusé par la gendarmerie après la disparition du petit Emile le 8 juillet 2023, au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). (GENDARMERIE NATIONALE / TWITTER / AFP)

Le procureur de Digne-les-Bains, qui dirige alors les investigations, adopte une stratégie "de l'escargot". Celle-ci se concentre d'abord sur le hameau, avant de s'élargir. Pendant deux jours, des centaines de bénévoles, randonneurs, chasseurs, viennent aider les enquêteurs. En vain. Le lundi soir, le préfet des Alpes-de-Haute-Provence annonce la fin des "battues citoyennes" et le début des opérations de "ratissage judiciaire".

Un hameau entier passé au peigne fin

Le hameau est bouclé, ses 30 maisons fouillées, ses 25 habitants interrogés et les quelques véhicules qui y stationnent sont inspectés. La route de 1,8 km qui relie le Haut-Vernet au village du Vernet est également examinée. Des sapeurs de la Légion étrangère, équipés de détecteurs de métaux hypersensibles, vont jusqu'à sonder les bottes de foin les plus récentes, à la recherche de "matières ferreuses" comme une fermeture éclair ou un bouton appartenant aux vêtements de l'enfant.

Au total, ce sont 97 hectares de champs, de bois ou de terrains escarpés – l'équivalent de 138 terrains de football – qui sont "minutieusement" explorés, résume le procureur Rémi Avon à la fin de cette phase d'enquête. Il s'agit, selon le magistrat, d'"une des plus importantes opérations de ratissage judiciaire jamais conduites".

Pour autant, la dernière trace d'Emile remonte toujours au 8 juillet, à 17h15 : deux témoins affirment l'avoir vu déambuler dans une ruelle du hameau à cette heure-là, près du lavoir. L'un dit l'avoir vu descendre, l'autre remonter, confie une source proche de l'enquête à France Télévisions. Depuis, plus rien. Le travail des chiens pisteurs ne permet pas d'aller plus loin. Leurs "quelques marquages" sont à prendre avec précaution dans ce "milieu montagnard" où il "peut y avoir des éléments parasitants", relève Rémy Avon lors d'un point-presse.

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