Hélicoptères militaires : les Émirats lâchent la France
La société Airbus Helicopters a annoncé que les Émirats arabes unis avaient annulé une commande de 12 hélicoptères militaires H225M Caracal. Une déception pour l’industrie de défense française. Des tensions sont à prévoir entre Paris et Abu Dhabi.
C’était « le meilleur allié de la France dans la région ». Depuis une quinzaine d’années, la France avait fait des Émirats arabes unis un partenaire privilégié dans le Golfe dans les échanges économiques et culturels, mais aussi sur les questions de défense. La France dispose d’ailleurs d’une base militaire permanente aux EAU, ouverte en 2009, qui lui permet de participer à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme. Enfin et surtout, Abu Dhabi est le premier client de la France dans la région pour les ventes d’armement.
Mais le ciel s’obscurcit dans la lune de miel diplomatique. Le 10 mai dernier, Airbus Helicopters a annoncé que les Émirats arabes unis avaient annulé une commande de 12 hélicoptères militaires H225M Caracal, qu’ils avaient pourtant signée en décembre 2021 lors de la visite du président Emmanuel Macron à Abu Dhabi. Un contrat important, estimé à près d’un milliard d’euros. L’agence Tawazun – l’autorité émiratie chargée des acquisitions du Royaume dans la défense – reprocherait à Airbus de ne pas satisfaire ses demandes, avec un coût d’utilisation trop élevé et d’insuffisantes compensations industrielles et de transferts de technologie.
Crainte au siège du groupe, à Marignane
Et si Airbus Helicopters n’a pas fait de commentaire sur cette décision, la nouvelle inquiète dans les usines du groupe à Marseille-Marignane, où l’essentiel des appareils est fabriqué. Le H225M Caracal est un hélicoptère lourd (11 tonnes) destiné aux missions de transport, de combat ou de recherche et sauvetage. Il est utilisé par plusieurs pays, dont la France, le Brésil ou le Mexique.
Mais le « Caracal » n’a plus la cote : l’Australie a annoncé il y a plusieurs mois qu’elle ne renouvellerait pas ses commandes et qu’elle se tournerait à l’avenir vers un fournisseur américain, remplaçant ses 22 EC665 “Aussie Tigers” d’Airbus par 29 hélicoptères AH-64E de Boeing. Idem pour la Norvège, qui avait commandé 14 appareils et qui a finalement annoncé avoir jeté son dévolu sur une demi-douzaine d’hélicoptères américains de Sikorski, des MH-60R Sea Hawk, pour un peu plus d’un milliard d’euros.
Les Émirats arabes unis choisiront-ils eux aussi les appareils américains ? Réponse dans quelques mois. Mais l’affaire rappelle de mauvais souvenirs au Quai d’Orsay et à l’Hôtel de Brienne, où l’on garde encore un goût amer du désistement australien des sous-marins de Naval Group. Le « contrat du siècle » de 34 milliards d’euros pour 12 sous-marins avait finalement été coulé sous pression de Washington.
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