Diesel, sans-plomb… Visualisez le prix des carburants en France par rapport aux autres pays européens
Le prix à la pompe affichait en moyenne 1,72 euro par
litre pour le gazole et 1,91 euro pour le sans-plomb 95, début mai. La France
fait partie des pays de l'Union européenne où les carburants coûtent le plus
cher.
Les prix des carburants vendus en France sont parmi les
plus élevés de l'Union européenne. Le litre de diesel (toutes taxes comprises)
s'achetait en moyenne 1,72 euro au 1er mai. Pour le
sans-plomb 95, la pompe affichait 1,91 euro le litre en moyenne,
contre 1,79 euro le 21 février 2022. Soit une augmentation de 6,7%
depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, selon le bulletin hebdomadaire de la Commission européenne (lien
en anglais). Pour les conducteurs qui font le plein de gazole dans les
stations-service françaises, le constat est d'autant plus rageant que de
l'autre côté des frontières hexagonales, les carburants ont retrouvé leurs prix d'avant-guerre.
Concernant le gazole, la France se classe troisième des
pays de l'UE où le litre est le plus cher. Seules la Suède et la Finlande affichent
des tarifs plus élevés, respectivement 1,86 et 1,87 euro/litre. Même
constat pour le sans-plomb 95 : l'Hexagone est deuxième du classement
européen, uniquement précédé de la Finlande (1,97 euro/litre).
Comment expliquer un prix si élevé en France par rapport
à nos voisins européens ? Plusieurs raisons sont avancées par l'Union
française des industries pétrolières (Ufip). La première est la hausse du prix
de l'éthanol, l'un des composants du sans-plomb 95 E10. Ce carburant est
l'un des plus consommés dans l'Hexagone. Il est composé de 10% de bioéthanol
contre seulement 5% pour le sans-plomb 95 E5, préféré dans les pays
voisins. Cette hausse résulte de l'augmentation des prix du gaz, matière
première essentielle dans la production de l'éthanol. "Ces produits
ont vu leurs coûts monter en raison de la hausse des prix des matières
premières agricoles, à cause de la guerre en Ukraine. Cela représente un
surcoût de 2 à 3 centimes par litre", détaille Olivier Gantois,
président de l'Ufip, sur franceinfo.
De telles différences tarifaires pourraient aussi
s'expliquer par
les multiples grèves et blocages qui se sont déroulés dans les
raffineries contre la réforme des retraites. "A partir du moment
où les raffineries ne marchent plus, il faut aller chercher [du
carburant] ailleurs, en l'occurrence dans les importations, ce qui est
toujours plus cher", explique sur France 2 Francis
Pousse, président de la branche stations-service et énergies nouvelles de
Mobilians, le syndicat des métiers de la distribution et des services de
l'automobile.
Les distributeurs accusés de gonfler leurs marges
Autre raison possible : les
marges brutes auraient explosé ces quatre derniers mois. Elles
correspondent à l'écart entre le prix du carburant lorsqu'il sort de la
raffinerie et le prix hors taxes auquel il est vendu dans les
stations-service. "Depuis janvier, [les
distributeurs] ont des marges brutes de l'ordre de plus de
25 centimes au litre, alors que d'habitude, c'est 15 centimes au
litre", assure François Carlier, délégué général de l'association
Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV). Dans une étude publiée mercredi 10 mai, l'association
affirme que les distributeurs tentent de "rattraper les pertes"
du second semestre 2022, lorsqu'ils n'avaient pas répercuté la hausse des cours
due à la guerre en Ukraine, allant même jusqu'à consentir des marges négatives.
Une accusation réfutée par l'Ufip. "Sur le prix des carburants,
nous estimons qu'en distribution, la marge nette – le bénéfice qui nous reste
après avoir couvert les coûts – est de l'ordre de 1 à 2 centimes par
litre", s'est défendu Olivier Gantois sur franceinfo.
La ministre de la Transition énergétique, Agnès
Pannier-Runacher, a réitéré mardi ses appels aux distributeurs pour que les
prix des carburants "baissent plus vite" et
reflètent "au plus proche" le recul des cours
internationaux du pétrole. Le président du comité stratégique des centres
E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a jugé, mercredi sur BFMTV, cette
demande "gonflée" alors qu'un "gros
fournisseur" comme TotalEnergies, qui engrange "des
milliards de bénéfices", n'est pas "tenu de baisser ses
prix".
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