Les maisons fissurées, symboles d'un système d'assurance submergé par le changement climatique
De plus en plus de sinistrés, de moins en moins de
reconnaissance
« Contactez immédiatement la mairie», martèle Mohamed Benyahia. Selon
la Caisse centrale de réassurance, environ 4 000 maisons fissurées
échappent à l'indemnisation chaque année, faute de correspondre aux
critères. Pour Mohamed Benyahia, cette mesure seule pourrait venir à
bout de «la source de tous nos problèmes», à savoir une circulaire de 2019
qui a fait évoluer les critères à remplir par les communes pour pouvoir être
déclarées en état de catastrophe naturelle «sécheresse». Si, sur la
période 2011‑2021, environ 53% des communes ayant réclamé à l'Etat la
reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour cause de sécheresse ont
obtenu gain de cause, ce taux de reconnaissance a dégringolé à 13,3% en
2021.
Avant la publication de la circulaire de 2019 décriée par Mohamed
Benyahia, il avait culminé à environ 69% en 2017 et 2018, d'après les
chiffres obtenus par les Sandrine Rousseau et Sandra Marsaud dans leur
rapport. Pour Mohammed Benyahia, ce serait encore «très insuffisant
pour répondre à la catastrophe inédite de l'été 2022 et des étés à venir».
L'arbre qui cache la forêt
Mohamed Benyahia a fait construire sa maison en 2005. S'il ne souhaite pas
s'étendre sur son cas personnel, il illustre malgré lui l'absence de
solution apportée à ces premières vagues de sinistrés du RGA. Si les
futurs occupants peuvent espérer échapper au sort de leur
voisine, personne ne semble tout à fait prêt à affronter les difficultés
qui s'annoncent avec l'explosion des cas de maisons RGA, regrette la
géographe Magali Reghezza, spécialiste de l'adaptation au changement
climatique. «La question de l'indemnisation, c'est un peu le premier
problème qui apparaît, l'arbre qui cache la forêt», relève-t-elle.
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