Eau potable en France

 


L'agence de sécurité sanitaire a publié jeudi une étude sur la présence dans l'eau du robinet de composés chimiques peu ou pas recherchés lors des contrôles réguliers. Elle attire notamment l'attention sur le métabolite du chlorothalonil R471811, un fongicide interdit depuis plusieurs années et dont les résidus ont été retrouvés "dans plus d'un prélèvement sur deux".

L'Anses s'est plus particulièrement intéressée à «la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers». Cette étude porte sur des prélèvements d'eaux brutes et traitées, réalisés sur l'ensemble du territoire français, y compris en outre-mer.

Le résidu d'un fongicide interdit est omniprésent dans l'eau potable et au-delà de la limite de qualité dans un tiers des cas

L'Anses a retenu, avant de mener l'enquête, 157 pesticides et métabolites de pesticides, c'est-à-dire les résidus de ces pesticides. Au total, «89 d'entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées», relève l'agence de sécurité sanitaire. Ce dernier est issu de la dégradation dans l'environnement du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020, mais longtemps utilisé dans de nombreuses cultures , selon une fiche de phytopharmacovigilance de l'Anses datée de 2017. «Ces résultats attestent qu'en fonction de leurs propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l'environnement plusieurs années après l'interdiction de la substance active dont ils sont issus».

Bruxelles relevait, à l'époque, qu'il était «impossible à ce jour d'établir que la présence de métabolites du chlorothalonil dans les eaux souterraines n'aura pas d'effets nocifs sur la santé humaine».

«Ce métabolite ne remplit aucune des conditions permettant de conclure qu'il est non-préoccupant», relevait l'Anses dans un avis de janvier 2023, requérant une évaluation plus poussée afin d'en savoir davantage. Pas d'inquiétude à avoir malgré tout, souligne l'Anses. L'Agence appelle à la vigilance et estime que «ces travaux devraient permettre de faire évoluer la liste de molécules intégrées dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux afin d'en améliorer la pertinence». Le Haut Conseil de la santé publique avait rappelé «la nécessité de renforcer les mesures préventives visant à réduire la contamination, par les pesticides et leurs métabolites, des ressources en eaux brutes utilisées pour la production d'eau à destination de la consommation humaine» dans un avis de mars 2022 .

Des résidus d'explosifs dans moins de 10% des prélèvements

En France, la contamination de l'eau potable par des résidus d'explosifs est une conséquence, déjà connue, «des deux guerres mondiales du XXe siècle, et plus particulièrement de la première », explique l'Anses, précisant que «les activités militaires ont entraîné une potentielle pollution environnementale d'une grande diversité chimique». L'agence de sécurité sanitaire pointe également en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie «une contamination par des explosifs dits 'modernes' comme HMX et RDX, utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale que l'on retrouve encore dans des compositions d'explosifs actuels». Dans tous les cas, les taux mesurés ne présentent rien de préoccupant, assure l'Anses.

Le 1,4-dioxane est classé cancérogène de catégorie 2B par le Centre international de recherche contre le cancer, rappelle l'Institut national de recherche et de sécurité . «Son rejet dans l'environnement est principalement lié aux pratiques d'élimination des déchets chimiques ou aux rejets d'eaux résiduaires», explique l'Anses. Des traces de dioxane ont été trouvées dans 8% des échantillons prélevés par l'agence de sécurité sanitaire dans le cadre de son étude. Si les réglementations européenne et nationale ne prévoient pas de valeur réglementaire pour le 1,4-dioxane dans les eaux destinées à la consommation humaine, il n'y a pas d'inquiétude à avoir tant les taux mesurés sont faibles.

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