Le CO2 inauguré en mer du Nord, qui stockera du dioxyde de carbone injecté sous terre
Mercredi 8 mars, le Danemark inaugure en mer du Nord un
premier site de stockage de dioxyde de carbone importé de l'étranger. Le
dioxyde de carbone sera stocké sous la mer du Nord, à travers un ancien
gisement de pétrole. Cette inauguration s'inscrit dans un mouvement de
développement des projets de captage et stockage de carbone , une
technique présentée par certains comme une solution – non sans limites – dans
la lutte contre le réchauffement climatique.
1 Qu'est-ce que le captage et le stockage de carbone ?
Afin de capturer le dioxyde de carbone, il existe «un large portefeuille
de technologies à des stades de maturité différentes», précise
l'Ademe. Vient ensuite le transport de ce CO2 vers son site de
stockage, qui peut être réalisé en train, en bateau ou par
canalisation. Enfin, plusieurs lieux sont possibles pour le stockage
géologique de ce dioxyde de carbone. L'Ademe cite notamment d'anciens
réservoirs d'hydrocarbure, comme c'est le cas pour projet
«Greensand», des veines de charbon, mais également des aquifères
salins, qui sont constitués de roches poreuses ou fissurées et qui
contiennent de l'eau salée.
Selon un récent rapport du cercle de réflexion Global CCS Institute*, le
nombre de projets de captage et de stockage de CO2 a augmenté de 44% en un an
dans le monde. L'institut assure qu'une fois achevés, ces projets
permettront le captage et le stockage de 244 millions de tonnes de CO2 par an.
2 Comment va fonctionner ce projet «Greensand» ?
L'objectif est d'atteindre un stockage de 8 millions de tonnes de CO2 par an en
2030, soit environ 13% des émissions de CO2 annuelles du
Danemark. «Comme notre sous-sol contient un potentiel de stockage bien
plus important que nos propres émissions, nous sommes en mesure de stocker
également le carbone provenant d'autres pays», s'est félicité auprès de
l'AFP le ministre danois du Climat et de l'Energie, Lars Aagaard.
3 Pourquoi choisir la mer du Nord pour ce type de projet ?
La Norvège a ainsi lancé le projet «Northern Light», un terminal qui doit
recevoir et stocker du CO2 issu des activités industrielles
européennes. L'objectif est de pouvoir, à terme, stocker environ
sept millions de tonnes de dioxyde de carbone par an dans ce
réservoir. Début février, le groupe pétrolier TotalEnergies a annoncé
qu'il avait obtenu deux permis au Danemark pour un potentiel projet de stockagede CO2, à plus de deux kilomètres sous la mer du Nord. L'objectif est
d'y stocker cinq millions de tonnes de ce gaz à effet de serre par an, d'ici
à 2030.
4 Quelle est l'efficacité de cette technique dans la lutte contre le
réchauffement climatique ?
Auprès du Financial Times* , Julian Allwood, coauteur du
cinquième rapport du Giec, explique que «la technologie ne résoudra pas le
changement climatique, parce qu'elle ne peut pas être déployée à l'échelle
suffisante dans les temps». « Plus les émissions résiduelles sont
faibles, moins on a besoin d'émissions négatives pour les
compenser», soulignait alors auprès de Céline Guivarch, directrice
de recherche au Centre international de recherche sur l'environnement et le
développement et coautrice du groupe 3 du Giec. Dans un avis sur le
sujet , l'Ademe évoque le «potentiel limité» de ces techniques de CSC
pour «réduire les émissions industrielles» en France. «Même en optimisant
les technologies de captage , le CSC restera une solution
coûteuse, car elle n'est adaptée qu'aux sites très fortement
émetteurs, en nombre limité, et nécessite des adaptations au cas par
cas», explique l'Agence.
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