Comment l'attaque raciste contre des Kurdes à Paris tend (un peu plus) les relations entre la Turquie et la France

 

L'ambassadeur de France a été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères, lundi. Ankara dénonce la "propagande" contre de la Turquie de certaines organisations établies dans l'Hexagone.

Le meurtre de trois Kurdes dans le 10e arrondissement de Paris, vendredi 23 décembre, ravive un sujet sensible entre la France et la Turquie. Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mîr Perwer, un jeune auteur-compositeur, et Abdurahman Kizil, militant politique, ont été abattus près d'un centre culturel kurde, situé rue d'Enghien. «Le régime fasciste d'Erdogan a encore frappé», a affirmé Agit Polat, président du Conseil démocratique kurde en France , lors d'une marche en mémoire des victimes lundi 26 décembre. Le parcours de ce rassemblement menait les manifestants jusqu'à un immeuble de la rue Lafayette, où trois militantes kurdes avaient été tuées d'une balle dans la tête en janvier 2013.

Ankara dénonce une propagande contre la Turquie

Dans le cas de l'attaque du 23 décembre 2022, Agit Polat s'est dit «incrédule» face aux premiers éléments de l'enquête, qui n'établissent pas de lien entre le suspect et la Turquie. Le lendemain de l'attaque, la figure de La France insoumise a réclamé une saisine du PNAT, lors d'un rassemblement en soutien à la communauté kurde. La veille, un rassemblement en mémoire des victimes avait en effet été émaillé par des heurts entre les forces de l'ordre et des membres de la communauté kurde, affichant leur soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan . Cette organisation est considérée comme terroriste par la Turquie.

De nombreux sujets de crispation depuis 2020

Ce parti est en effet également considéré comme une organisation terroriste par l'Union européenne, dont fait partie la France. «Il y a une haine à l'égard du PKK, dont le séparatisme est perçu comme une menace existentielle, argue Didier Billion, géopolitologue et spécialiste des relations entre l'Union européenne et la Turquie, auprès du Parisien. Toute manifestation de soutien au PKK dans le monde est donc très mal vue en Turquie». Ces nouvelles crispations interviennent dans un contexte de refroidissement des relations entre Ankara et Paris depuis deux ans.

En 2021, Emmanuel Macron avait ainsi remis en cause la place de la Turquie au sein de l'Otan. Ces tensions avaient culminé lors que Recep Tayyip Erdogan s'était interrogé sur la «santé mentale» de son homologue français, après qu'Emmanuel Macron avait évoqué la nécessité de «structurer l'islam» en France.

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