Borne en Algérie pour relancer la réconciliation franco-algérienne.

 

Elisabeth Borne

La première visite du Premier ministre hors de France depuis sa prise de fonction débute par des étapes symboliques liées à la mémoire, comme l'a fait Emmanuel Macron auparavant, durant son déplacement en Algérie au cours duquel il est parvenu à redonner un nouveau départ aux relations entre les deux pays après des mois de tension.

La Première ministre déposera une gerbe au "Mausolée du Martyr", qui commémore les morts de la guerre d'indépendance (1954-1962), à Alger, avant de faire de même au cimetière Saint-Eugen, où de nombreux Français d'origine algérienne sont enterrés.

Aucun progrès n'est attendu sur la question de la mémoire, les 132 ans de colonialisme français (1830-1962), et la guerre d'indépendance de l'Algérie n'est pas au cœur de la visite de Borne.

Le comité d'historiens algériens et français, annoncé fin août par Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune, est toujours "en cours de constitution", selon Paris.

Cependant, Elisabeth Borne a déclaré au site d'information "Tout sur l'Algérie", "Le temps de l'incompréhension est révolu".

Au cours de cette visite, le Premier ministre français doit rencontrer le président algérien, avec qui Macron a conclu le 27 août un "partenariat renouvelé" autour de six axes qui ne demandent qu'à se concrétiser.

L’homologue algérien, Ayman Ben Abderrahmane, présidera le Cinquième Comité intergouvernemental de haut niveau entre les deux pays, dont la dernière réunion remonte à 2017 à Paris, où l'accent sera essentiellement mis sur la "coopération économique".

Hosni Obeidi, directeur du Centre de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, a déclaré que, quels que soient les résultats, la convocation du comité gouvernemental de haut niveau est en soi une "véritable avancée" dans le dialogue politique.

Quelques heures avant l'arrivée de Borne, le président Macron a téléphoné à Abdelmadjid Tebboune et a discuté avec lui des travaux du comité de haut niveau. Ils ont également exprimé leur "satisfaction quant à l'évolution positive et au niveau des relations bilatérales", selon un communiqué de la présidence algérienne.

En avril 2021, la visite de l'ancien Premier ministre français Jean Castex et de quelques ministres a été annulée à la dernière minute, dans un climat de tension dans les relations entre Paris et l'Algérie.

Il est prévu que les travaux de la commission aboutissent à la signature de "conventions", qui ne seront pas forcément des contrats commerciaux et porteront sur la formation, la transition énergétique et la coopération économique, la jeunesse et l'éducation, ainsi que sur les domaines de souveraineté ( la justice, l'intérieur...).

 

Pour Paris, il s'agit de donner un « nouvel élan » à la relation franco-algérienne « pour la tourner vers l'avenir vers des projets concrets ».

Concernant le dossier des visas, "les pourparlers n'ont pas encore abouti", a indiqué jeudi le gouvernement français.

Les deux présidents ont ouvert la voie, fin août, à un assouplissement du régime des visas pour les Algériens, en contrepartie d'une coopération accrue de l'Algérie dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Cette question a gâché les relations bilatérales depuis que la France a divisé par deux le nombre de visas accordés aux Algériens, ce que l'Algérie jugeait incompatible avec la demande de Paris de réaccueillir ses citoyens expulsés de France.

Concernant le gaz, la visite de Macron, accompagné de Catherine McGregor, la patronne de la société "enge" pour l'électricité et le gaz, a suscité de nombreuses attentes quant à une augmentation des expéditions de gaz algérien vers la France, dans un contexte de rareté du gaz russe en Europe.

Mais ce dossier n'est "pas à l'ordre du jour" de la visite, selon le gouvernement français.

"Toutefois, nous continuerons à développer notre partenariat dans ce secteur avec l'Algérie, notamment en ce qui concerne le gaz naturel liquéfié, et à accroître l'efficacité de ses capacités de production de gaz", a déclaré Borne au site "Tout sur l'Algérie".

A cet égard, "les pourparlers se poursuivent" entre Enge et le groupe pétrolier et gazier algérien "Sonatrach", selon une source proche du dossier.

Le Premier ministre français n'est accompagné d'aucun des grands groupes français, à l'exception de "Sanofi", spécialisé dans l'industrie pharmaceutique, qui a un projet d'implantation d'une usine d'insuline, et de quatre petites et moyennes entreprises.

Il s'agit de "General Energy", qui envisage de construire une usine de recyclage et de transformation des amandes d'olives, "Infinity Orbit", qui a pour projet de construire le premier petit satellite algérien, "Bio Eco", qui travaille dans le domaine des déchets traitement comme asamant, et "Avril", spécialisé dans la transformation des grains.

De son côté, "Business France", l'agence gouvernementale chargée des investissements internationaux, accompagne des dizaines d'entreprises pour assister au Forum d'affaires franco-algérien, qui sera inauguré lundi par les premiers ministres des deux pays.

L'autre axe de la visite, ce sont les jeunes qu'Elisabeth Borne rencontrera lundi au lycée français puis à l'ambassade, avec des représentants de la société civile algérienne.

 

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