La France et l'Australie renouent leurs relations après une détérioration due à la crise des sous-marins
Après une période de blocage, le président Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese ont annoncé vendredi être déterminés à "reconstruire la confiance" entre leurs pays, qui s'est sérieusement détériorée après la rupture par Canberra d'un énorme contrat d'achat de sous-marins français.
"Nous regarderons vers l'avenir, pas vers le passé", a déclaré Macron après avoir reçu l'Albanese dans la cour de l'Elysée à Paris.
Il a estimé que le Premier ministre, arrivé au pouvoir en mai après la victoire des travailleurs aux législatives, "n'est pas responsable de ce qui s'est passé".
Les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis que Canberra ait annulé un contrat de 56 milliards d'euros pour l'achat de 12 sous-marins français, en échange de l'achat de sous-marins à propulsion nucléaire, dans le cadre de l'annonce de l'"Ocos" accord entre l'Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Macron a alors accusé le Premier ministre australien Scott Morrison de "tromperie" et a convoqué les ambassadeurs de France à Canberra et à Washington à Paris, dans une mesure sans précédent.
La défaite de Morrison aux élections de mai a permis le début d'une nouvelle relation entre les deux pays.
Après une première rencontre cette semaine dans le cadre du sommet de l'Otan à Madrid, le Premier ministre a annoncé que sa visite à Paris représentait un "nouveau départ dans les relations bilatérales", soulignant "l'importance de la confiance, du respect et de l'intégrité".
De son côté, Macron a exprimé une volonté commune de "reconstruire une relation de confiance entre les deux pays, une relation basée sur le respect mutuel après une période difficile".
Une atmosphère de soulagement régnait à l'Elysée, où Macron était accompagné de son épouse Brigitte pour recevoir Albanese et sa compagne Judy Haydon.
Albanese a souligné à son arrivée que la France "n'est pas seulement une grande puissance européenne, mais aussi une puissance de la région indo-pacifique et une puissance mondiale".
"Son engagement dans les océans Indien et Pacifique sera essentiel pour faire face aux défis auxquels est confrontée notre région", a-t-il ajouté, notant que les deux pays peuvent coopérer, notamment dans le domaine de la sécurité.
Cette rhétorique est conforme à la politique de Macron, qui souligne depuis 2017, l'importance pour la France de développer une "stratégie indo-pacifique".
"Nous sommes acteurs" de cette vaste région où "nous avons un million de citoyens" qui y vivent et "plus de huit mille militaires qui y sont déployés", a déclaré Macron, évoquant la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, La Réunion et Mayotte.
Il a également exprimé son souhait que "la liberté de notre souveraineté soit respectée partout", en référence aux ambitions chinoises dans la région.
"Nous sommes confrontés à de vrais défis de la part de la Chine dans le Pacifique", a déclaré cette semaine l'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull lors d'une rencontre avec des journalistes organisée par l'Institut Montaigne à Paris.
"Comme la France, nous sommes attachés à un Indo-Pacifique libre et ouvert", a déclaré Turnbull, faisant référence aux inquiétudes exprimées par les États-Unis, l'Australie et la France concernant "l'accord de sécurité" entre la Chine et les îles Salomon annoncé en avril.
Les trois pays craignent que la Chine construise une base navale dans le Pacifique Sud, ce qui lui permettra d'étendre sa puissance navale au-delà de ses frontières.
Macron estime que la France et l'Australie peuvent également coopérer dans de nombreux domaines tels que la lutte contre le changement climatique, la navigation, la protection des grands fonds marins, l'espace et la culture.
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