L'extrême droite réalise une victoire "historique" aux législatives.
Qui est le grand vainqueur du premier tour des élections législatives françaises qui se sont déroulées dimanche ? A première vue, la "Nouvelle Alliance Populaire Environnementale et Sociale", qui regroupe quatre partis de gauche et d'extrême gauche, apparaît comme le vainqueur le plus en vue en raison de sa capacité à concurrencer la coalition présidentielle "Ensemble", qui est affiliée avec le mouvement centre-droit.
L’alliance dirigée par Jean-Luc Mélenchon a recueilli 25,66 % des voix, selon les résultats officiels, contre 25,75 % pour le parti au pouvoir « Ensemble » et ses alliés « Modem » dirigé par l'ancien ministre François Bayrou et « Horizons» fondé par le Premier ministre Edouard Philippe entre mai 2017. Selon ces données, l'institut de sondage Ipsos prévoit que l’alliance de gauche, « France fière », « Parti socialiste », « Parti communiste » et « Environnement », emportera entre 189 et 219 sièges au prochain parlement, contre 255 à 299 sièges pour l’alliance présidentielle.
Pourtant, derrière ces chiffres, l'infiltration d'idées et de thèses d'extrême droite dans la société française s'est confirmée à travers la grande victoire et le gain historique du « Rassemblement national » dirigé par Marine Le Pen. Le parti, qui est anti-islam, anti-musulman et anti-immigration, a gagné cinq points (18,68% des voix à 13,2%) et 1,2 million de voix entre les élections de 2017 et 2022. On s'attend donc à ce que le nombre de ses députés après le second tour oscille entre 20 et 45 (contre 8 en 2017), ce qui le désigne pour former un bloc parlementaire qu'il utilise comme plate-forme pour promouvoir son action anti-immigration.
Marine Le Pen s'est empressée de crier victoire aux législatives, puisqu'elle a déclaré mardi matin sur RTL que le "Rassemblement national" est "en fait le premier parti de France", citant que l’alliance présidentielle "comprend trois partis" et l'Alliance de gauche "quatre". . Et elle a estimé que son parti connaît un "mouvement" qu'aucun de ses concurrents dans le pays ne connaît, menaçant le président Macron d'une "opposition farouche".
Comme son père, Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti d'extrême droite dont le nom est passé en 2018 du "Front national" au "Rassemblement national", Marine Le Pen a utilisé des termes choquants pour mobiliser ses partisans dans la seconde tour. Elle a accusé le parti de Macron d'appeler à voter pour ceux qui "manifestent avec les islamistes et hurlent « Allah Akbar'", et ceux qui "veulent la réconciliation avec les terroristes et refuser de dire 'Vive la France'".
"Si nous ne parvenons pas à former un bloc parlementaire fort, les questions d'immigration excessive et d'insécurité seront absentes de la discussion", a-t-elle déclaré.
Ugo Palheta, professeur à l'Université de Lille et auteur du livre "Le fascisme est possible" a confirmé que "c'est une réalisation historique pour l'extrême droite en général, car ce courant a recueilli plus de cinq millions de voix" au premier tour des élections législatives.
Marine Le Pen a fait un bâillon politique le 10 mai lorsqu'elle a déclaré dans une interview télévisée que "la logique [après que Macron ait remporté un second mandat le 24 avril] est que le président obtienne la majorité au Parlement, quiconque prétend le contraire n'est qu'une calomnie ." En référence à Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé les Français à "l'élire Premier ministre".
Néanmoins, Ugo Palheta, a admis que les candidats d'extrême droite "ont réussi à se qualifier pour le second tour, confirmant leur ancrage dans plusieurs régions et leur capacité à surmonter les difficultés", notant que le parti de Marine Le Pen manque d'un cadrage adéquat sur le sol français. , ce qui constitue pour lui un obstacle supplémentaire.
Dans l'ensemble, le parti a obtenu des résultats satisfaisants dans le nord du pays, dans l'est et le sud-est, où 12 candidats se sont qualifiés pour le second tour dans le Pas-de-Calais (Nord), 8 dans le Var, 5 sur 6 à Gare (sud) et 8 sur 9 en Moselle (est).
Cette victoire est venue conforter une victoire politique de premier plan pour Marine Le Pen, sur celui qui s'est présenté comme le "représentant du peuple", Eric Zemmour, qui a enregistré un échec catastrophique dans ces élections alors que tous les candidats de son parti "Reconquête" n'ont pas réussi à atteindre le second tour. Cela l'a amenée à les inviter à voter pour son parti afin d'entrer fortement au Parlement.
Aussi, cette victoire électorale permettra au "Rassemblement national" de doter son budget d'environ 7 millions d'euros comme stipulé dans la constitution pour les partis vainqueurs des élections législatives.
Reste que la progression du "Rassemblement national" dans les intentions de vote et les bureaux de vote n'est pas à la hauteur de l'espoir suscité par le succès de Marine Le Pen aux dernières élections présidentielles alors qu'elle s'est qualifiée pour le second tour et a obtenu plus de 13 millions de votes. De fait, elle a échoué face à l'extension de l’alliance de gauche menée par Mélenchon, et n'a pas réussi à s'imposer comme le plus grand pôle opposé à la politique du président Macron.
Que va apporter le second tour des élections législatives françaises ? Sera-ce la confirmation de la pénétration historique de l'extrême droite, ou l'invasion de la gauche et de l'extrême gauche au parlement ?
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