Législatives : Naima Fadel et Ali Camille Hojeij les candidats « impopulaires »

 

Naima Fadel et Ali Camille Hojeij

C'est la troisième fois que des Français expatriés se rendent aux urnes dans l'histoire des élections législatives. Les 1,6 million d'électeurs français résidant à l'étranger sont appelés à voter, samedi 4 et dimanche 5 juin, pour choisir leurs représentants à l'Assemblée nationale lors du premier tour des élections législatives.

Sur les 11 circonscriptions électorales dont les bureaux de vote sont situés hors de La France, deux intéressent le continent africain. La Neuvième circonscription comprend le Maghreb et une grande partie de l'Afrique de l'Ouest. En revanche, le Bénin, le Ghana, le Togo et le Nigéria se situent dans la 10e circonscription, avec le reste de l'Afrique et du Proche-Orient.

Dans cette dernière circonscription, Ali Camille Hojeij. Hojeij s’est présenté en candidat indépendant, 36 ans, avocat franco-libanais, est entré en politique pour porter la voix des Français de l'étranger qui, selon lui, sont "des citoyens français pleinement français mais qui ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière".

Pour la deuxième candidate « Loin des yeux, loin du cœur », c'est ainsi que les Français décrivent Naïma Fadel, candidate sur la liste du parti « Républicain » et proche de Valérie Pécresse. Notamment les Français expatriés au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, qui sont représentés dans la Neuvième circonscription. "La politique continue, mais ces Français ne voient pas de solutions concrètes. Ils sont nombreux à se demander à quoi sert le vote ?", ajoute Fadel.

Preuve du désintérêt des expatriés pour les élections, à peine 20 % des électeurs français de 11 circonscriptions à l'étranger se sont rendus aux urnes.

Outre l'impression que Paris les a abandoonné, il existe un fort sentiment d'injustice chez les Français de l'étranger, impression renforcée par la reconnaissance difficile par le gouvernement des points de retraite acquis dans le pays d'expatriation ou ils participent au financement de la sécurité sociale sans pouvoir en profiter.

"Le ministère principal des Français de l'étranger est le ministère de l'Economie et des Finances. Pour lui, les Français de l'étranger sont comme des déserteurs du service militaire, ils migrent à l'étranger pour payer moins d'impôts", explique Ali Camille Hojeij.

Il y a un autre point : les frais de scolarité. Ces frais coûtent très cher à ces expatriés et, contrairement aux idées reçues, tous ne sont pas aisés, explique Naima Fadel. "Pour moi, je veux une exonération totale des frais de scolarité pour les enfants français vivant à l'étranger qui fréquentent les écoles établies par la France. C'est une cause d'égalité entre les citoyens et un principe garanti par la constitution." Comme dit Naïma.

 

"Il y a aussi un effet négatif : d'un côté, on a des frais de scolarité qui augmentent de jour en jour, et de l'autre, il y a des enseignants locaux qui sont souvent peu qualifiés et donc la qualité de l'enseignement est en jeu", explique Ali Camille Hojeij. L'avocat s'identifie comme diplômé d'une des écoles de l'Education nationale à l'étranger, qui gère un réseau de 552 établissements d'enseignement à travers le monde.

Fils d'homme d'affaires, né à Bangui en République centrafricaine, Ali Camille Hojeij passe son enfance sur le continent africain avant de s'installer à Paris pour étudier le droit. Il appelle désormais cet "enracinement socio-culturel" en Afrique et au Moyen-Orient, reconnaissant qu'il "reste difficile à employer dans une circonscription couvrant 49 pays".

Pour impressionner les électeurs, Naima Fadel s'appuie également sur son parcours multiculturel et ses liens avec le Maroc. "Mes frères et mes enfants vivent dans ce département. J'ai donc le sentiment que la question de l'aliénation me préoccupe", explique Fadel, ancien responsable d'une des associations. Naïma est arrivée en France à l'âge de huit ans et n'avait pas encore été scolarisée au Maroc, alors l'ancienne maire et écrivain dit qu'elle "doit tout à la France".

Si donner la parole aux Français de l'étranger est une priorité pour ces deux candidats, Naima Fadel et Ali Camille Hojeij imaginent aussi leur rôle comme un relais de l'effort extérieur français. Cette tâche est d'autant plus importante à un moment où le sentiment anti-français monte dans de nombreux pays africains comme la République centrafricaine, le Mali et le Tchad.

« Les expatriés français ont une très bonne réputation et ne provoquent aucun comportement hostile. Mais le ressentiment vient de la politique du gouvernement français et de la contre-propagande des concurrents de la France, notamment la Russie », selon Ali Camille Hojeij.

A l'heure de la réforme du corps diplomatique français, le candidat affirme qu'un député qui a les clés de la compréhension et de "l'enracinement socio-culturel" en Afrique peut "compléter utilement le travail diplomatique". Selon lui, la France comme le continent africain ont besoin d'interlocuteurs capables de "faire avancer l'agenda français mais d'une manière plus respectueuse de la souveraineté des Etats".

"Depuis une décennie, la France n'a pas su maintenir les liens culturels entre les peuples, et les relations entre la France et l'Afrique se sont tendues économiquement", explique Naima Fadel. La candidate réclame une augmentation des budgets des instituts culturels et de la Fondation de la francophonie "pour rétablir le lien fraternel et historique entre l'Afrique et la France".

 

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