France : les plaidoiries commencent concernant les attentats du 13 novembre 2015.

 

L'un des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015, Mohamed Abrini (à gauche) lors de son procès le 2 novembre 2021

Après des audiences qui ont duré neuf mois, le parquet a entamé mercredi à Paris trois jours de plaidoiries dans le procès de Salah Abdeslam et des 19 autres accusés dans l'affaire des attentats du 13 novembre 2015, qui ont été les pires attentats jamais perpétrés en France.

Ce procès extraordinaire par sa durée et le nombre de parties civiles qui s'y rattachent, qui dépasse les 2 500, touche à sa fin, plus de 6 ans après une nuit de terreur qui a fait 130 morts et des centaines de blessés.

La session a débuté à 12h30 heure locale. Durant trois jours, les représentants du Parquet national antiterroriste chercheront à établir ce qu'ils considèrent comme les responsabilités de chacun des prévenus jugés par une cour criminelle spéciale depuis le 8 septembre.

Nicolas Braconnay et Nicolas Le Bris vont tenter de reconstituer un grand dossier en plaidoirie publique d'abord, puis pour chacun des 20 prévenus, 6 d'entre eux sont jugés par contumace, dont cinq dirigeants de l'organisation "DAESH". Douze d'entre eux pourraient être condamnés à la réclusion à perpétuité, dont Salah Abd al-Salam.

Au début du procès, le 8 septembre, Abd al-Salam s'est présenté comme un "combattant de "l'Etat islamique"". L'homme de 32 ans a déclaré une semaine plus tard que les attentats n'étaient qu'une réponse aux bombardements français en Syrie et en Irak, et "rien de personnel". Quelques mois plus tard, l'homme qui était resté silencieux pendant les cinq années d'enquête affirmait avoir "abandonné" dans un but "humain" de faire exploser sa ceinture explosive dans un bar du 18e arrondissement de Paris. Puis il a présenté ses "excuses" aux victimes.

Le parquet, qui a constamment évoqué l'hypothèse d'un dysfonctionnement de la ceinture, a remis en cause l'idée qu'Abd al-Salam renonce à sa détonation, selon le récit de l'accusé. Les procureurs, ont jugé son recrutement quelques jours seulement avant les attentats "déraisonnable". Ils ont également considéré comme une affaire "étrange", son incapacité à localiser le café ciblé, qui n'apparaît dans aucun des documents qui incluent les "cibles" découvertes sur l'ordinateur de la cellule jihadiste. Difficile de croire qu'Abdeslam a agi seul alors que les groupes ciblant le Stade de France, les terrasses des restaurants parisiens et le théâtre du Bataclan étaient chacun composés de trois personnes, et contrairement aux autres, il n'est jamais allé s'entraîner en Syrie.

Vendredi, ils vont demander des peines, contre le principal suspect et ceux qui l'ont aidé dans son évasion, qui a duré quatre mois, ou les logisticiens du groupe et même Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles qui devait participer aux attentats du 13 novembre. Certains espèrent que les discussions au tribunal feront changer d'avis au parquet, notamment l'accusé, Farid Kharkash, qui a rempli de fausses pièces d'identité sans savoir qu'elles étaient destinées à une cellule jihadiste, ou Yassin Attar, qui jure que son nom était lié au dossier simplement parce qu'il est le frère d'Oussama Attar, qui a ordonné les attentats.

Aucune surprise n'est à prévoir dans les plaidoiries, qui prendront au total 15 heures, alors que le dossier n'a pas connu d'évolutions majeures au cours des 130 jours de sessions.

Après le parquet, le rôle de la défense viendra à partir du 13 juin et le verdict sera attendu le 29 juin.

 

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