Le biogaz pour se débarrasser de la dépendance au gaz russe d'ici 2030 en France.
Les pays de l'Union européenne se sont retrouvés sous la menace d'une crise énergétique. Depuis que Vladimir Poutine a annoncé le 24 février le lancement d'une opération militaire à l'intérieur du territoire ukrainien, avec pour conséquence de larges sanctions occidentales contre Moscou, l'Europe, fortement dépendante du gaz russe (à hauteur de 40%), a misé : la défense Pour Kiev et ses frontières orientales d'une part, et d'autre part, la sécurisation de ses besoins énergétiques.
Pour briser l’etreinte de la crise, la Commission européenne a recommandé en mars que les pays de l'UE et le Parlement européen accélèrent les négociations sur les nouvelles politiques climatiques du bloc, afin de réduire les émissions plus rapidement cette décennie. La Commission a estimé que ces propositions pourraient réduire la consommation de gaz de l'Union européenne de 23 % d'ici 2030.
Dans ce contexte, "Le Figaro" a abordé la question du biogaz sur laquelle la France, qui assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, parie, pour se débarrasser complètement et totalement de sa dépendance au gaz russe d'ici 2030.
Dans son article, "Le Figaro" indique que la France a recruté des centaines de ses fermes pour mettre fin à la dépendence aux russes. L'objectif est d'abandonner le gaz russe à moyen terme. Pour y parvenir, la filière énergétique française se concentre sur le développement du biogaz, qui s'apparente au gaz naturel ou au gaz méthane, dont la production s'effectue par un procédé dit de « méthaneisation » ou biodégradation naturelle de matières organiques, à l'aide de produits agricoles non alimentaires ou de déchets. Ce type de « gaz vert » a connu une croissance très importante ces dernières années.
Le Figaro affirme que cette filière est la seule dans le domaine des énergies renouvelables qui soit parvenue à dépasser son objectif national, après avoir doublé sa production en 2021 par rapport à 2020. Cependant, malgré cela, la consommation française de gaz vert reste très modeste, à 2% du volume total de consommation de gaz, ce qui équivaut à seulement 6 TWh.
En revanche, la société "GRDF", s'est montrée optimiste et a déclaré au journal que "jusqu'à récemment, le nombre de personnes s'adressant au projet doublait chaque. les projets à l'étude représentent plus de trois fois la production actuelle, soit l'équivalent de 20 térawatt-heures. Elle a indiqué qu'entre 3 et 5 nouvelles installations sont construites chaque mois.
Les autorités françaises cherchent à accélérer le rythme afin de réduire au plus vite la dépendance au gaz russe. Pour y parvenir, l'État subventionne les agriculteurs, qui sont les principaux producteurs, par le biais d'un prix d'achat fixe et garanti jusqu'à 15 ans. Ce prix est actuellement d'environ 90 euros par mégawatt-heure.
Pour ouvrir plus et le plus largement possible les vannes du gaz vert, la France a lancé son premier appel d'offres public de 0,5 TWh pour la construction et l'exploitation d'usines de biodégradation, qui ne manquera pas d'attirer les grands énergéticiens.
Actuellement, ENGIE détient 10% de ce marché, qui est avant tout son domaine vital, toujours selon Le Figaro, qui ajoute que Total-Energy, à son tour, investit dans ce secteur, et a racheté l'an dernier les activités biogaz de l'entreprise. Vonroche, à son tour, détient une part de marché de 10 %.
L'État français garantit aux producteurs la stabilité des baisses tarifaires à long terme, qui seront fixées à un prix de 95 euros par mégawatt-heure, inflation comprise, dans une mesure visant à tenter les grands acteurs de ce secteur. Le gouvernement français veut obtenir une part de 10 % de biogaz dans la consommation totale d'ici 2030, et pourrait relever le plafond de ses objectifs dans la prochaine loi de programmation. On estime que d'ici la fin de la décennie en cours, 15 % pourront être atteints, ce qui signifie que la suppression du gaz russe, qui représente 17 % des importations françaises de gaz, sera possible.
Avec son secteur agricole fort, la France dispose d'un potentiel leader dans la production de bio-méthane en Europe. Néanmoins, le dynamisme français pourrait s'arrêter. Le secteur souffre du nouveau prix de rachat public du biogaz, qui devrait chuter prochainement autour de 80 € par mégawatt-heure. Dans ce contexte, Olivier Duger, l'élu de référence pour le climat et l'énergie à la Fédération nationale des syndicats d'agriculteurs de France, a prévenu qu'"avec la hausse des coûts des matières premières et la baisse des prix, la liste des projets a diminué en raison du manque de rentabilité", a-t-il déclaré au "Figaro". Le prix de rachat précédent était quatre fois supérieur au prix du marché du gaz naturel début 2021. Mais après que le prix du gaz naturel ait quadruplé depuis, approchant désormais les 100 € par mégawatt-heure, le biogaz souffre pour le moins de la concurrence.
Il est probable que les prix du marché finiront par baisser. En revanche, les prix du biogaz ne baisseront pas facilement en France. La taille des usines de biodégradation « méthanisation » est également modeste, pour les exploitations françaises et en moyenne quatre fois plus petite par rapport aux unités allemandes. De ce fait, la production de biogaz est plus chère en France qu'en Allemagne.
De leur côté, les chercheurs d'Electricité de France "EDF" ont rappelé que "l'augmentation du volume des unités de fabrication et l'approvisionnement en matières agricoles et déchets alimentaires utilisés dans les processus de biodégradation, permettront essentiellement de réduire les coûts".
D'autre part, Edouard Sauvage, directeur général adjoint d'Engie en charge des activités d'infrastructures, a déclaré au journal Le Figaro que "garder le secteur petit est un choix responsable", et a également déclaré : "Il me semble que le modèle français du biométhane est adapté aux exploitations agricoles du pays." ". Il a ajouté : "Il faut être en harmonie avec les territoires pour être accepté. C'est essentiel pour les énergies renouvelables".
"Le Figaro" a souligné dans son article que le monde du gaz se veut absolument différent de l'énergie éolienne, qui souffre de nombreuses critiques au niveau local. Selon la Fédération nationale des syndicats d'agriculteurs de France, cette voie fonctionne bien pour le moment, à l'exception d'un petit tiers des projets de « méthanisation » de biodégradation qui ont fait l'objet de quelques critiques.
Ce qui est important, selon "Le Figaro" , c'est que le biométhane génère des "externalités positives", c'est-à-dire des bénéfices qui sont aujourd'hui inestimables. Dans ce contexte, un observateur a expliqué que "grâce à lui, nous apportons la richesse aux agriculteurs français au lieu de la Russie".
Le gaz vert crée des emplois dans les zones rurales et assure aux agriculteurs des revenus stables. De plus, les résidus organiques résultant de la biodégradation "methanesacion" peuvent être utilisés comme engrais, ce qui est également précieux, surtout en cas d’augementation des prix des engrais, comme cela s'est produit ces derniers mois en raison des prix élevés du gaz naturel. Malgré la petitesse de ce système de réseau de production, les observateurs estiment que cela n'empêchera pas le remplacement complet du gaz naturel par le biométhane d'ici 2050.
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