Au moins 27 personnes décédés après le naufrage d’un bateau de migrants dans la Manche.

 

calais

Au moins 27 migrants sont morts après le naufrage de leur bateau au large de Calais, d'où ils sont partis tentant de traverser vers les côtes britanniques, dans une catastrophe humanitaire sans précédent sur cette route migratoire qui a appelé Paris et Londres à s'entendre sur le " nécessité urgente" de renforcer la coopération entre eux pour mettre un terme à ces tragédies.

Le président Emmanuel Macron a immédiatement appelé à un "renforcement immédiat" de l'agence européenne Frontex et à une réunion européenne "d'urgence", jurant que "la France ne laissera pas la Manche se transformer en cimetière".

Macron a également appelé au "renforcement immédiat des moyens dont dispose Frontex" aux frontières extérieures de l'Union européenne, selon l'Elysée. En plus d'une demande de "réunion urgente des ministres européens concernés par le défi posé par les migrations", soulignant que "toutes les mesures seront prises pour retrouver et condamner les responsables".

L'incident, que le Premier ministre Jean Castex a qualifié de "tragédie", a causé le plus grand nombre de morts depuis l'augmentation du nombre de traversées de la Manche en 2018.

De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson a convoqué une réunion pour discuter de "la situation dans la Manche" et s'est dit "choqué et profondément attristé" par les victimes, indiquant qu'il souhaitait "faire plus" pour coopérer avec la France afin d'éviter les passages illégaux.

 "Nous avons eu du mal à convaincre certains de nos partenaires, notamment les Français, d'agir comme la situation l'exigeait, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés, et ce que nous voulons maintenant, c'est plus de coopération", a-t-il déclaré.

Il est à noter qu'avant cet incident, le nombre de morts depuis le début de cette année était de trois morts et quatre disparus. En 2020, six personnes sont décédées et trois autres ont disparu, contre quatre décès en 2019.

Un porte-parole de Downing Street a annoncé que le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron s'étaient mis d'accord lors d'un appel téléphonique sur le "besoin urgent de renforcer leurs efforts conjoints pour empêcher ces traversées, et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour arrêter ces gangs qui mettent des vies en danger."

   "Les deux dirigeants ont clairement indiqué que la perte tragique de vies aujourd'hui est un rappel brutal de la nécessité de garder toutes les options sur la table pour arrêter ces traversées meurtrières et briser le modèle commercial des gangs criminels ", a ajouté le porte-parole.

 

   L'annonce de cet appel téléphonique entre Johnson et Macron est intervenue à un moment où le ministère français de l'Intérieur a annoncé que le nombre de morts de la tragédie avait atteint 27, et deux survivants ont été transportés à l'hôpital, et leurs vies sont toujours en danger.

Selon les autorités françaises, parmi les morts figuraient une fille et cinq femmes, dont une enceinte. Les nationalités des victimes n'étaient pas connues.

   Le Premier ministre français Jean Castex a présidé jeudi matin une réunion de crise pour discuter de cette catastrophe, a annoncé son cabinet.

 L'un des ambulanciers a raconté que le drame est arrivé à une "chaloupe" gonflable dont le fond flexible a tendance à se plier lorsqu'il est rempli d'eau et a été chargé au-delà de sa capacité de charge maximale. L'utilisation de ces bateaux dangereux et de mauvaise qualité est devenue plus fréquente depuis l'été.

"Ce qui s'est passé est une terrible tragédie", a déclaré à l'AFP Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration.

   Il a dénoncé les passeurs "qui tentent à tout prix de maintenir des camps près de la mer afin de faciliter le crime de faire traverser la Manche aux migrants à leurs risques et périls".

   De l'autre côté de la Manche, la députée conservatrice de Douvres Natalie Elvick a dénoncé l'incident comme une "tragédie absolue". "Cela montre que pour sauver des vies en mer, il faut d'abord empêcher les bateaux de naviguer", a-t-elle ajouté, appelant à " arrêter ces traversées dangereuses".

L'Administration maritime de la Manche et de la mer du Nord a indiqué qu'il y avait eu une "nouvelle accélération" en novembre des tentatives de traversé, qui ont doublé au cours des trois derniers mois, alors que leur rythme était lent à l'automne des années précédentes.

   Ses appareils ont enregistré 15 400 tentatives de traversé et de sauvetage de 3 500 migrants au cours des huit premiers mois de l'année.

   "Aujourd'hui, ces chiffres ont plus que doublé : il y a 31 500 migrants qui ont tenté de quitter la côte, et 7 800 d'entre eux ont été secourus", a déclaré vendredi un responsable Philippe Dutriaux. Selon Londres, 22.000 migrants ont réussi à traverser au cours des dix premiers mois de l'année.

   Dutriaux a expliqué que ce phénomène est attribué notamment aux "organisations à l'origine de ces couloirs qui jettent les migrants à l'eau car ils représentent un commerce qui génère de bons revenus".

Londres et Paris ont convenu de renforcer leur coopération pour tenter d'arrêter ces traversées après l'escalade des tensions suite à l'arrivée de 1 185 migrants sur les côtes anglaises le 11 novembre, un nombre record.

   De son côté, la présidente d'Utopia 56, association qui œuvre auprès des migrants à Calais, a déclaré : "Depuis des années, nous dénonçons et mettons en garde contre la situation dangereuse aux frontières", estimant que le nombre de migrants décédés sur cette côte depuis 1999 est "plus de 300".

 

   "Si des passages sûrs ne sont pas établis entre l'Angleterre et la France ou que le statut de ces personnes n'est pas réglé en France, que Darmanin vienne à Calais ou non, il y aura des victimes à la frontière", a-t-elle déclaré.

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