Une chute historique du produit intérieur brut prévue en France en 2020

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a anticipé, mardi, une nouvelle aggravation de la récession en France en 2020, avec une chute du produit intérieur brut historique de 11 %.  
"Je n'ai jamais caché que le plus dur était devant nous", a lancé, mardi 2 juin, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, en annonçant que la France avait dû de nouveau aggraver sa prévision de récession pour 2020. Le produit intérieur brut (PIB) devrait ainsi chuter de 11%, un chiffre historique. 
"Le choc de la crise a été extrêmement brutal", a poursuivi Bruno Le Maire sur la radio RTL. "Nous avons un énorme trou d'air."
Le gouvernement entérinera cette nouvelle estimation de l'ampleur de la récession dans un nouveau projet de budget rectificatif, qui doit être présenté en conseil des ministres le 10 juin. 
“Reprendre son souffle” 
La semaine dernière, l'Insee avait indiqué que la chute du PIB serait largement supérieure aux - 8 % anticipés par le gouvernement, car la reprise de l'activité depuis le début du déconfinement serait "au mieux progressive au second semestre". 
Au premier trimestre, le recul de l'activité a finalement atteint 5,3%, mais l'Institut national de la statistique anticipe un plongeon de 20 % environ au deuxième trimestre. 
L'économie française "s'efforce (...) de reprendre son souffle", mais elle "refait surface dans un monde qui n'est plus exactement le même qu'avant la crise sanitaire", avait jugé l'institut national de la statistique. 
Si le déconfinement a débuté le 11 mai, et que le Premier ministre a annoncé la semaine dernière une accélération avec notamment la levée de l'interdiction de se déplacer à plus de 100 kilomètres de son domicile, la reprise de l'activité est lente. Tous les commerces n'ont pas encore rouvert et le redémarrage de certaines entreprises est ralenti par des perturbations persistantes dans les chaînes de production. 
“Nous allons rebondir” 
Petite éclaircie : mardi, les restaurants et cafés peuvent rouvrir dans les départements "verts" et seulement leurs terrasses dans les départements "orange", dont Paris. 
C'est "un signal très positif", avec 300 000 établissements qui vont pouvoir rouvrir et un demi million d'employés qui vont pouvoir reprendre leur activité, a souligné Bruno Le Maire, même s'il estime que "pour nous redresser économiquement il en faudra beaucoup plus". Et de poursuivre, "j'ai la conviction absolue que nous allons rebondir en 2021", a-t-il toutefois avancé. 
Après le plan d'urgence de plus de 100 milliards d'euros mis en place depuis le début de la crise, le gouvernement prépare désormais des plans de soutien spécifiques pour les secteurs les plus affectés. 
Des efforts de 18 milliards d'euros pour le tourisme, de 8 milliards d'euros pour l'automobile ou de 4,5 milliards d'euros pour les collectivités ont déjà été annoncés, avant des mesures pour l'aéronautique, l'apprentissage, l'emploi des jeunes ou les start-up dans les prochains jours. 
Nous prenons toutes les mesures dans tous les secteurs", a assuré Bruno Le Maire qui a toutefois déjà prévenu que des faillites et licenciements seraient inévitables malgré le soutien public. 
Plusieurs entreprises du secteur de la distribution, comme Camaïeu, La Halle ou Conforama, sont ainsi d'ores et déjà en grande difficulté, avec des milliers d'emplois menacés, tandis que le constructeur automobile Renault prévoit de supprimer 15 000 emplois dont 4 600 en France, la crise ayant renforcé des difficultés préexistantes. 
Alors que certains plaident pour une augmentation du temps de travail afin d'accélérer la reprise dans les entreprises, le ministre a, lui, estimé que le défi de l'économie sera surtout de lutter contre le chômage. 
"C'est ça l'enjeu pour la France dans les mois qui viennent : travailler tous et essayer de contenir un chômage qui va augmenter", a-t-il déclaré. 

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