L’OTAN ouvre une enquête sur l’incident entre la France et la Turquie en Méditerranée
Un navire militaire français a fait l’objet, mercredi, de trois « illuminations radar » de la part d’un bateau turc, pourtant allié de l’OTAN. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête.
Un navire français participant à une mission de l’OTAN en Méditerranée a récemment fait l’objet d’une manœuvre « extrêmement agressive » de la part de frégates turques, a révélé, mercredi 17 juin, le ministère français des armées, dénonçant une affaire « très grave » impliquant un partenaire de l’Alliance atlantique. Jeudi, le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, a annoncé l’ouverture d’une enquête « afin de clarifier la situation et faire toute la lumière » sur cet incident.
Alors qu’il cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, le bâtiment français a fait l’objet, mercredi, de trois « illuminations radar » de la part d’un navire turc, « un acte extrêmement agressif qui ne peut pas être l’acte d’un allié vis-à-vis d’un navire de l’OTAN », commentait-on au ministère des armées.
« Cette affaire est, à nos yeux, très grave. On ne peut pas accepter qu’un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l’OTAN sous commandement OTAN menant une mission OTAN », a fait valoir Paris. La ministre des armées, Florence Parly, a mis les points sur les « i » lors d’une réunion en visioconférence des ministres de la défense de l’alliance, a indiqué le ministère.
Opposition sur le conflit libyen
En Libye, la Turquie soutient militairement le gouvernement d’accord national (GAN) de Faïez Sarraj, reconnu par les Nations unies (ONU), face aux forces dissidentes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays soutenu notamment par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis. Le soutien armé d’Ankara a fait pencher la balance en faveur du GAN au détriment du maréchal Haftar, qui a tenté en vain de s’emparer de Tripoli et qui perd désormais du terrain
Ce soutien turc à « la poursuite de l’offensive du GAN va directement à l’encontre des efforts visant à obtenir une trêve immédiate », a insisté mercredi la porte-parole de la diplomatie française. « Ce soutien se double de comportements hostiles et inacceptables des forces maritimes de la Turquie à l’égard d’alliés de l’OTAN, visant à entraver les efforts de mise en œuvre de l’embargo sur les armes », a-t-elle ajouté.
Dans ce contexte de tensions, le ton n’a cessé de monter entre Paris et Ankara ces derniers jours. Lundi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a condamné « le soutien militaire croissant » de la Turquie au GAN en « violation directe de l’embargo des Nations unies ». La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l’interventionnisme « inacceptable » d’Ankara.
La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant, à son tour, Paris de faire « obstacle à la paix » en appuyant le camp adverse. La France, bien qu’elle s’en défende publiquement, est également accusée de soutenir Haftar, qui a récemment subi de lourdes défaites sur le terrain.
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