5G en France : entre affaire Huawei et Covid-19, un calendrier potentiellement bousculé

a 5G attendra-t-elle 2021 avant d’être déployée en France ? C’est en tout cas ce que Martin Bouygues espère en publiant une tribune qui appelle à retarder l’arrivée du nouveau standard de téléphonie mobile dans l’Hexagone.
La 5G va-t-elle souffrir du coronavirus ? Alors que la France se déconfine petit à petit, l’avenir du nouveau standard de l’Internet mobile paraît compromis. Les enchères, qui devaient avoir lieu à la mi-avril, ont déjà été repoussées, et maintenant c’est au tour de Martin Bouygues¹ de demander un report de l’attribution des fréquences 5G en France.
Dans un entretien au Figaro, l’homme d’affaires estime en effet qu’il faut “repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G” en raison de la crise sanitaire. Pêle-mêle, le dirigeant explique que la 5G “est loin d’être mature”, qu’elle “suscite aujourd’hui bien plus de méfiance et de scepticisme que d’engouement et d’enthousiasme”, et que l’incertitude économique des prochains mois n’est pas un climat propice au développement serein de la 5G en France.

Pression de l’UE

Dès lors, “la 5G n’est pas la priorité du pays” et envisager des attributions de fréquences cet été, comme l’Arcep le préconise, serait prématuré. Interrogé par l’AFP, Sébastien Soriano (président de l’Arcep) s’étonne de cette sortie de l’héritier du groupe Bouygues et maintient que “les options principales, c’est juillet ou septembre”, tout en rappelant les impératifs qui arrivent. “J’attire l’attention de Martin Bouygues sur le fait qu’il reste très peu de temps avant la décision de l’Arcep”, admoneste-t-il.
L’Arcep est en effet sous la pression de la Commission européenne qui s’est inquiétée il y a peu du retard que le coronavirus pourrait occasionner dans le déploiement de la 5G en Europe. Bruxelles voudrait que tous les pays membres commencent le déploiement de la 5G avant la fin 2020 afin de rester dans les clous du plan d’action dessiné en 2016.

Le spectre de l’affaire Huawei

Derrière la tribune de Martin Bouygues, on aperçoit aussi le spectre de l’affaire Huawei. Les technologies de l’équipementier chinois, qui n’est pas en odeur de sainteté en Europe, sont en effet une brique importante de la stratégie 5G de Bouygues Telecom. Dans un premier temps, l’opérateur comptait se reposer sur du matériel Huawei pour lancer sa 5G, mais l’Anssi (Agence nationale de sécurité des systèmes d’information) n’a pas encore officiellement donné son feu vert.
“Si les équipements Huawei sont interdits des réseaux 5G, Bouygues Telecom et SFR seront contraints de remplacer leur parc d’antennes […] dans des régions entières du pays”, nous expliquait récemment Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms. Une opération “longue et particulièrement coûteuse” que Bouygues aimerait sans doute bien s’éviter.

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